lundi, mars 01, 2010

The Lion Queen

C'est l'histoire d'une charmante jeune fille qui fit la rencontre d'un charmant garçon, un triste hiver de solitude.

Elle aimait sa compagnie car il était gentil, toujours à l'écoute et un peu naïf. Elle prenait plaisir à épancher son amertume au creux de son épaule et à trouver du réconfort dans ses paroles compréhensives.
Lui était fasciné par le personnage qu'elle incarnait. Il aimait à dénombrer chacun de ses masques, chacune de ses attitudes, et s'étonnait chaque jour d'en découvrir de nouvelles. Son étonnement était sans cesse renouvelé et il s'écriait : "Te voilà encore sous un nouveau jour ! Mais quand cesseras-tu donc de me surprendre ?" Elle se contentait alors de lui sourire.

Puis un beau jour, la charmante jeune fille se transforma en lion.

Elle n'en fit qu'une bouchée.

samedi, février 27, 2010

Schism

Un oeil non avisé pourrait la croire morte. On s'y méprendrait . Mais non, la vérité c'est qu'elle dort profondément.
Du sommeil du juste.
Du sommeil de l'oubli.
Du sommeil de l'absence.
Quelquefois, je l'entends gémir dans un semblant de conscience. Et verser une larme silencieuse, parfois.

Epuisée par tous ces combats, elle ne pouvait que se retirer. Abandonner la partie... temporairement. Retraite stratégique. Elle est fragile, mais courageuse. Je sais qu'elle n'a pas perdu espoir.

Et je suis là pour la veiller.

Aux yeux des ignorants, j'ai une mauvaise influence sur elle. Notre couple parait bien mal assorti... Je n'ai pas son talent pour les relations sociales. Elle pourrait monologuer pendant des heures que je ne serais capable que d'un hochement de tête. Je n'ai ni son charme, ni sa bonne humeur.
Mais je ne l'envie pas pour autant. Je ne recherche pas la compagnie. Je n'aime pas le bruit du dehors, le brouhaha incessant de l'agitation humaine et de son besoin dévorant de se faire remarquer.


Je n'aime pas tout ça.

Je n'aime pas beaucoup non plus son excitation à la pensée de cet étranger qui lui parait si familier. Non, elle n'a pas abandonné. Elle sera sans doute déçue, après avoir déplacé une ou deux montagnes pour deux jolis yeux bleus, mais qu'importe... Elle aura eu sa séance de rodéo dans les nuages.

Je me tue pourtant à lui répéter qu'elle sera sans cesse insatisfaite mais elle s'obstine. J'essaye de la persuader qu'on se suffit bien l'un à l'autre mais elle ne veut rien entendre. Elle court, elle court... puis de temps à autre, revient se cacher dans mes bras en pleurant que le monde est mauvais.

Mais je sais que mon réconfort ne lui suffit plus.

J'ai peur pour elle. Peur qu'elle ne se brise comme une brindille. Qu'un jour elle ne se réveille plus.
Et moi, je suis tellement mort dedans, que mon existence s'éteindrait avec elle.


Mais cette fois encore, elle reviendra à la conscience, les rêves et l'enthousiasme légèrement embrumés par le sommeil. Puis elle brûlera de plus belle.

Tout ça pour ne pas devenir comme moi.

dimanche, février 14, 2010

Baby Sister, keep dreaming

Elle se plait et se complait derrière les masques qu'elle aligne comme autant de pétales pour protéger son coeur d'Isis.
Dévoilée, elle sera sans doute terrible, ou peut-être fragile, parfois inoffensive, mais souvent perdue.

Les faux-semblants la fatiguent et pourtant elle cultive l'image d'Elle, qui a tant besoin d'être aimée.

Si elles ne prennent pas soin l'une de l'autre, tout sera perdu.

mardi, février 09, 2010

Inconstance

Maelström d'envies, de pulsions, de passions éperdues et déraisonnées. Elle est déchirée entre ses rêves délirants d'amour fusionnel et son incapacité à concentrer son attention plus de quelques heures sur un même sujet d'études.
Elle papillonne, butine de fantasme en fantasme, sa libido en étroit accord avec son imagination débordante et débridée, trompant son ennui funeste dans des mésaventures psychotiques et aussi extrêmes qu'éphémères. Elle adore puis elle déteste. Rêve de se poser mais en est incapable. Dès lors que l'habitude commence à effleurer son intérêt, elle vire et elle volte, esquivant la persistance des sentiments et optant pour la nouveauté émotionnelle.

Son coeur craint l'ennui au point de lui préférer le tournis, se jetant à coeur perdu dans les passions de son âme. Plutôt mourir d'allégresse que d'expérimenter la mort de la flamme.

Et elle espère, un jour peut-être, tomber follement amoureuse.

A en perdre la tête dans les nuages.

lundi, février 08, 2010

Faim de Loup

« Tu es complètement folle. »

C'est ce qu'il lui avait dit lorsqu'elle l'avait embrassé au coin de la bouche, dans l'ascenseur. Elle s'était alors dit qu'elle ne le reverrait pas de sitôt.

Et pourtant le voilà, torse nu devant elle, lovée dans ses draps affamés. Il n'a rien de vraiment désirable, et pourtant : « Il est si mignon ! ». Ce petit homme, à moitié brûlant, à moitié indifférent, lui fait face et la met en émoi. Comment aurait-elle pu lui refuser l'asile d'une nuit ?
Elle l'appelle son Prince de Bâtons, ce petit homme au désir enflammé qui sait s'embraser en une fraction de seconde au contact de son corps à elle. Elle sait très bien qu'elle n'a aucune importance à ses yeux et pourtant ils répondent à leurs caprices mutuels. Il se sert d'elle. Elle se sert de lui. Que vouloir de plus ? Seule compte la chaleur des corps qui s'embrassent.
Elle se souvient de la première fois où il est venu chez elle. Un hasard. Un jeu. Inattendu mais pas désagréable. Elle en voulait encore.

Elle n'en a jamais assez.

Les amants sont plus reposants que les amours. Sauf au petit matin. Au moins sur ce point, ils sont d'accord.
Les amants ne soulèvent pas les questions existentielles habituelles : « Est-ce que tu m'aimes ? » Et pour combien de temps ? Ses envies sont aussi éphémères et changeantes que les marées. A quoi bon s'obstiner ?

Et ce petit homme est là, devant elle, avec toute la candeur de sa jeunesse. Les quelques années qui les séparent lui paraissent des gouffres d'incompréhension. Les cicatrices sur son corps juvénile lui rappellent qu'il ne sont pas si différents.

Elle veut lui mordre le cou.
Elle sait qu'il n'aime pas ça.

Mais elle a faim.

Ce soir pourtant, il se fait tendre et aimant. Cela ne lui déplait pas. Elle aime ses baisers. Elle aime son odeur.
Il s'amuse de sa voracité. Elle rit de sa fébrilité.
Elle sent que son appétit ne sera pas satisfait mais s'en contentera.

Elle aimera aussi sa façon de l'enlacer et de déposer un paisible baiser sur son front juste avant de la quitter.

Il partira sur un nonchalant « Bon bah, à bientôt ! » et ça lui ira très bien.